(LCP) Il y a autant d'anecdotes personnelles que de députés à l'Assemblée nationale. Pour l'un, l'élection du 1er octobre dernier a été l'occasion de renouer après un détour qui aura duré une génération avec la passion de la politique. Pour une autre, l'attirance qu'exerçait cette passion s'est avérée irrépressible. Enfin, on constate que cette passion peut être exigeante envers les proches.

 

Jean-François Simard, ex-ministre du gouvernent Landry (CAQ) : « J'ai, en ce moment, le sentiment de revenir à la maison comme on revient chez soi après un long voyage, parce qu'aujourd'hui je célèbre quelque chose d'un peu particulier : il y a 20 ans, jour pour jour, j'étais élu pour la première fois à titre de député du comté de Montmorency. Et, dans mes rêves les plus fous, jamais — jamais — je n'aurais pensé, ce jour d'élection, 20 ans plus tard, me relever à nouveau pour m'adresser à mes collègues.

 

Et, j'ai beau regarder, mis à part le député de L'Assomption, qui, à l'époque, était le député de Rousseau, je ne retrouve aucun visage qui était là à l'époque, ces personnes, de gré ou de force, ayant quitté notre enceinte. Je retrouve bien sûr la députée d'Anjou, qui fut élue, si je ne m'abuse, au gré d'une élection partielle en 2002 à la fin de la 36e législature. Elle a toujours un sourire aussi contagieux que je suis heureux de revoir. (...)

 

Il y a quelques jours de cela, un des recherchistes de l'Assemblée nationale me contactait et me disait : bien, M. Simard, vous détenez un record, pas un record Guinness, mais un record parlementaire, puisque c'est vous qui, depuis 1867, êtes le député qui avez connu la plus longue pause, le plus long intervalle entre deux mandats. 15,5 ans, quand même, il faut le faire. »

 

Paule Robitaille, députée de Bourassa-Sauvé (PLQ) : «Lorsque j'étais adolescente, dans cette ville de Québec où j'ai grandi, je disparaissais parfois du collège et je prenais l'autobus à l'insu de tous pour venir ici. Je rentrais sans problème à l'Assemblée nationale, il n'y avait aucune sécurité, et je vagabondais dans les corridors, et je venais regarder les débats.

 

À travers mes yeux d'adolescente, c'est ici que je voyais se dessiner l'avenir du Québec. Je regardais, fascinée, les débats, les Lévesque, les Ryan. Plus tard, je suis revenue en tant que stagiaire à La Presse canadienne. C'est ici que j'ai fait mes premières armes en journalisme. Aujourd'hui, j'ai le privilège de me retrouver à nouveau à l'Assemblée nationale, mais, cette fois, je ne suis plus dans les tribunes, mais parmi vous. J'ai traversé le miroir, et c'est à mon tour de modeler avec vous l'avenir du Québec. »

 

Jean-François Roberge, ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur (CAQ) : « Papa est moins souvent à la maison, mais vous savez que, quand j'ai décidé de me lancer en politique, je vous l'ai dit, mes filles, qui étaient petites, j'ai dit : c'est parce que je ne pouvais pas accepter de laisser un Québec en moins bonne santé que celui que j'ai reçu. Depuis, je pense, 1608, depuis que Champlain a construit l'habitation ici, sur le bord du Cap Diamant, de génération en génération, les Québécois ont essayé de laisser à la génération qui suit un peu mieux, un petit peu plus riche, un petit peu plus prospère, un petit peu plus grand, un petit peu plus fort.

 

Puis j'avais l'impression que... et mon père a certainement réussi ça avec sa génération, puis je me demandais si moi, je n'allais pas être celui qui allait laisser à mes filles moins que ce que j'ai reçu, puis je ne pouvais pas accepter ça. Donc, voilà, mes filles, papa n'est pas à la maison tout le temps, mais il pense à vous très souvent. »

-30-