L'élue de Marie-Victorin, Catherine Fournier, annonce qu'elle quitte le caucus du Parti québécois pour siéger comme députée souverainiste indépendante.

 

« (...) Je suis une passionnée du Québec et je suis profondément convaincue que nous, Québécois, avons tout intérêt à gérer nos affaires par nous-mêmes et pour nous même. Je veux que nous puissions voter toutes les lois qui régissent notre territoire. Contrôler tous les impôts que nous payons pour les investir selon nos priorités et signer tous les traités qui nous lient aux autres nations de la planète. Je veux qu'en affirmant notre identité haut et fort nous soyons un modèle pour la diversité culturelle dans le monde. (...)

 

Bon an, mal an, les sondages nous montre qu'encore aujourd'hui, malgré une absence de réel débat de fond depuis bientôt 25 ans sur la question nationale près de 35 % des électeurs sont toujours favorables à la souveraineté soit un appui similaire à ce qu'il était à l'aube du référendum de 1995 qui a pourtant vu l'option du « oui » frôler la majorité. C'est dire combien l'indépendance du Québec demeure ancrée dans la tête et dans le coeur de centaines de milliers de Québécois. Cela montre bien que malgré les vents contraires qui ont soufflé ces dernières années le peuple lui n'a jamais renoncé.

 

Cela dit, aujourd'hui les souverainistes se trouvent en nombre quasi égal au Parti québécois et à la CAQ. Un certain nombre est également à QS. Mais ils sont également nombreux dans le lot des abstentionnistes qui ne voient malheureusement même plus l'intérêt de voter. On ne peut pas blâmer les souverainistes pour cette dispersion et ce désengagement alors que c'est le mouvement lui-même qui s'est fragmenté à coup de luttes intestines, de stratégies électorales mal avisées et de trop nombreux changements de cap. (...)

 

À force de perdre, le Parti québécois est devenu perdant. Du même coup, il a aussi perdu beaucoup de sa pertinence. C'est logique après tout, pourquoi voter pour un parti incapable de réaliser le projet pour lequel il a été fondé. Qu'est-ce que ça donne? (...) J'invite mes amis péquistes à se poser la question. Soyons lucides. Je sais que je dis aujourd'hui tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Ma démarche se voulant constructive et tournée vers l'avenir je ne souhaite pas m'étendre sur les raisons de ces défaites répétées.

 

Je tiens néanmoins à ajouter qu'il faut cesser de blâmer les autres pour nos erreurs et plutôt assumer nos responsabilités. Reconnaissons maintenant que pour renverser la situation le mouvement souverainiste a besoin d'un véritable électrochoc. La dispersion doit cesser. Le réel rassemblement des souverainistes est essentiel à la victoire. Ce qu'il faut donc c'est de rebâtir la coalition pour qu'elle arrive à regrouper les souverainistes de tous les horizons autour d'un plan crédible concret et réalisable pour arriver à faire du Québec un pays.

 

(...) J'en suis arrivé à la conclusion que la meilleure façon d'honorer le Parti québécois ainsi que les femmes et les hommes qui s'y sont investis est de s'assurer de donner un nouveau souffle à ses idées. (...) À terme, si nous voulons mener à bien notre projet, il faudra que tous les souverainistes embarquent dans le même bateau.

 

Pour que ce rassemblement puisse se concrétiser, il faut dès maintenant pouvoir s'élever au-dessus de la mêlée des joutes partisanes actuelles pour définir au nouvel espace politique. C'est seulement ainsi qu'on pourra être en mesure de rallier plus largement. C'est pourquoi j'ai décidé que je siègerais à titre de député souverainiste indépendante. Il s'agit d'une question de transparence et de sincérité pour me donner les coudées franches dans cette démarche.

 

(...) Ma génération et celles qui viennent doivent être au coeur de l'action politique du mouvement souverainiste. Et nous cherchons justement une nouvelle façon de faire les choses une vision d'avant-garde ancrée dans les enjeux qui façonneront la société québécoise de demain comme la lutte contre la crise climatique et la construction d'un meilleur vivre ensemble (...).

 

Le Parti québécois a fait de très grandes choses pour le Québec pour notre identité collective. Il a amélioré la vie des Québécois à bien des égards. (...) Ce qui doit cependant compter, ce qui doit primer ce n'est pas le véhicule ce sont les idées. Il devient parfois nécessaire de brasser les choses, de forcer le jeu à défaut de quoi on fait souvent du surplace. Et c'est le sens du geste que je pose aujourd'hui. (...)

 

Je tiens (...) à souligner la présence parmi nous de M. Pierre Marois, le premier député de Marie-Victorin et ministre sous le gouvernement Lévesque. Merci d'être à mes côtés aujourd'hui. Notre projet transcende les générations. (...) Nous devons nous remettre en action, nous mobiliser et réhabiliter la fierté et l'ambition d'être maître chez nous. J'invite tous ceux qui partagent ces constats à s'unir pour qu'on puisse écrire la suite ensemble parce que ce n'est pas la fin c'est plutôt l'avenir qui doit finalement percer. Merci. »

(Discours prononcé le lundi 11 mars 2019)

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