(LCP) En réponse à la crise sans précédent que les entreprises doivent traverser, le gouvernement interviendra dans l’économie, mais pas n’importe comment. Oui à une aide, mais il n’est pas question que le gouvernement se mette à gérer des entreprises à la place de ses gestionnaires.

 

Toutefois, le ministre de l’Économie et de l’Innovation sait qu’il devra ouvrir ses goussets et ensuite s’armer de patience quand le temps viendra de se faire rembourser.

 

La question adressée à Pierre Fitzgibbon est venue de l’ex-ministre des Finances, Carlos Leitao, à la faveur d’une séance virtuelle de la Commission de l’économie et du travail.

 

« Est-ce que l'État du Québec, maintenant, entrevoit, disons, de façon éclairée la possibilité d'intervenir directement et de devenir actionnaire, devenir partenaire de certaines entreprises, donc d'investir en capital, de devenir un actionnaire d'une entreprise ou est-ce que vous préférez toujours agir indirectement par toutes sortes de prêts, remboursables ou pas ? Mais est-ce que ça fait partie de la stratégie, l'intervention directe? »

 

« La réponse est oui », tranche Pierre Fitzgibbon. « J'ai toujours dit qu'il fallait mettre de la liquidité dans les entreprises. Puis honnêtement, d'être capable aujourd'hui d'identifier les entreprises, les secteurs qui méritent d'avoir du capital, des prêts par dons, peu importe, c'est complexe », explique-t-il.

 

« Au lieu de commencer à faire des programmes ad hoc, on a préféré, au niveau du gouvernement, de mettre de la liquidité. La résultante de ça va être quoi? Il y a des entreprises qui vont avoir trop de dettes. Alors, forcément, cette dette-là va devoir être convertie peut-être en équité, et dans des cas, on le fait directement en équité », poursuit-il.

 

Le gouvernement n’a d’autre choix que d’intervenir dans l’économie. « Mais pas gérer les entreprises », reprend-il. « Puis, on ne veut pas être à la hauteur de capital de 20 %, 30 %, 40 %, puis être partenaires avec le propriétaire. Il faut avoir des structures où on laisse l'opérateur opérer, mais on a un retour d'équité qui va être fait », dit Pierre Fitzgibbon

 

Dans d’autres cas, Québec attribuera des subventions ou des « prêts non remboursables ». Le ministre mise sur la flexibilité. « On ne veut pas être propriétaires de 22 000 restaurants, on s'entend. Donc, on va vouloir travailler avec des organismes comme le FLI (Fonds local d’investissement), qui, eux, vont faire des prêts à ces restaurants-là, et on va voir, dans le temps, comment est-ce qu'on va se faire rembourser. Je n'ai pas de problème à me faire rembourser pendant 10 ans. Dans bien des cas, il va falloir faire des subventions, entre guillemets, des prêts non remboursables, en tout cas, de l'équité », précise-t-il.

 

« Plus les compagnies sont importantes, plus évidemment de convertir un prêt en équité fait du sens parce que, sur une base temporaire, on va pouvoir sortir notre capital plus tard et remettre au suivant les argents », estime le ministre Fitzgibbon.

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