(R.I.) À l'occasion des consultations prébudgétaires 2020-2021 que tient actuellement le ministre des Finances du Québec, M. Éric Girard, la Fédération des cégeps a réaffirmé le rôle important des établissements de son réseau en réponse aux défis auxquels le Québec est confronté, notamment en matière de pénurie de main-d'œuvre qualifiée et de rehaussement de la productivité.

 

Cela, au moment où la transformation technologique des emplois, la hausse exigée des compétences et le vieillissement de la population s'imposent de manière prégnante en toile de fond de notre développement économique. Dans cette optique, la Fédération présente, dans un mémoire qu'elle a déjà transmis au ministre, des solutions en lien principalement avec la réussite et la diplomation des étudiants, le rehaussement de la productivité du Québec et la réponse aux besoins du marché du travail. Des solutions viables et pérennes que les cégeps s'attendent à voir soutenues dans le prochain budget du Québec.

 

« Plusieurs des défis auxquels nous faisons face comme société sont désormais bien documentés, notamment le manque criant de main-d'œuvre qualifiée et tout ce qui concerne la formation des travailleurs, la productivité des entreprises et les changements technologiques. Le temps est venu d'accélérer la mise en œuvre de mesures pour éviter d'être dépassé par ces défis. Dans cette perspective, il faut miser davantage sur les réseaux de l'éducation, dont les 48 cégeps présents sur l'ensemble du territoire, qui disposent de l'expertise pour mieux servir les individus comme les entreprises, si on leur accorde les ressources et la latitude nécessaires. Ils doivent pouvoir diversifier et intensifier leurs actions, d'abord en lien avec la réussite de leurs étudiants, bien sûr, mais aussi auprès des travailleurs, des organismes et des entreprises. Dans notre intérêt collectif, et parce que l'urgence de la situation n'est vraiment plus à démontrer, nous espérons voir le gouvernement donner rapidement suite à nos propositions », a indiqué le président-directeur général de la Fédération des cégeps, M. Bernard Tremblay.

 

La réussite de tous les étudiants : un enjeu de société

Si la réussite des étudiants se situe au cœur de la mission des cégeps, qui se sont toujours fait un devoir de mettre en place des mesures pour la favoriser, elle constitue également un enjeu de société dont l'importance s'accroît dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre. Or, malgré tous les efforts consacrés, le taux global d'obtention du diplôme collégial stagne aux alentours de 63 % et plusieurs étudiants connaissent des difficultés plus marquées que d'autres, notamment ceux dont la moyenne générale au secondaire se situe en deçà de 75 %, selon les constatations préliminaires du chantier sur la réussite scolaire lancé l'an dernier par la Fédération des cégeps.

 

Par ailleurs, les garçons réussissent leur parcours au collégial dans des proportions nettement inférieures à celles des filles. Actuellement, 56 % seulement des garçons décrochent un diplôme alors que les filles l'obtiennent dans une proportion de 68 %.

 

Par conséquent, la Fédération des cégeps estime qu'il faut maintenant déployer des actions additionnelles en vue d'augmenter le taux de diplomation de l'ensemble de la population étudiante de son réseau, comme le Québec l'a fait depuis plusieurs années au niveau primaire et secondaire, en y consacrant les ressources appropriées. De telles mesures ont permis notamment de mener des étudiants en difficulté jusqu'à la diplomation au niveau secondaire alors que les cégeps devaient de leur côté multiplier les efforts pour réussir à maintenir leur taux de diplomation tout en accueillant un pourcentage presque égal d'étudiants en difficulté -- une proportion qui a d'ailleurs augmenté de plus de 1200 % entre 2007 et 2017 --, sans toutefois bénéficier d'investissements aussi importants.

 

À la lumière des résultats de ses travaux, et sur la base d'expériences menées dans d'autres réseaux d'enseignement, la Fédération estime que la solution réside dans la mise en place d'équipes multidisciplinaires chargées de l'implantation de pratiques d'enseignement à impact élevé, soit des pratiques novatrices touchant à la relation enseignant/étudiant, aux méthodes pédagogiques, à l'évaluation des apprentissages et à la structuration de l'enseignement.

 

Ces équipes seraient composées d'enseignants-ressources, de conseillers pédagogiques et d'intervenants tels que des aides pédagogiques individuels et des orthopédagogues, par exemple. Elles auraient pour mandat, entre autres, de mieux outiller les enseignants face aux différents profils d'étudiants et aux difficultés d'apprentissage rencontrées, et d'évaluer l'effet des pratiques sur le cheminement scolaire des étudiants.

 

Soutenir de manière plus adéquate la réussite de tous les étudiants passe également par le développement de l'expertise pédagogique et didactique des enseignants, qui agissent en première ligne auprès d'étudiants dont le profil et les besoins sont de plus en plus diversifiés. La Fédération souhaite faciliter l'intégration d'un savoir reconnu en matière d'enseignement et d'apprentissage à l'enseignement supérieur.

 

Pour la Fédération des cégeps, augmenter la réussite des étudiants, mais aussi l'accessibilité à l'enseignement collégial, doit aussi prendre appui sur le plein déploiement du numérique dans les établissements. Pour atteindre les objectifs fixés par le gouvernement dans son plan d'action numérique, le réseau collégial doit pouvoir embaucher des ressources spécialisées.

 

En comptant parmi leur personnel des conseillers technopédagogiques, des conseillers en innovation, des analystes de traitement de données, des techniciens en réseautique et des spécialistes en sécurité de l'information et en intelligence d'affaires notamment, les cégeps pourront adapter les services qu'ils offrent aux étudiants pour favoriser leur réussite tout en leur inculquant les compétences technologiques requises sur le marché du travail.

 

La Fédération estime que son réseau doit pouvoir se doter rapidement de 120 nouveaux professionnels et de 220 nouveaux techniciens pour combler les besoins urgents de main-d'œuvre dans les collèges et ainsi offrir des services numériques adéquats aux étudiants, tout en facilitant, par la formation à distance, l'accès aux études supérieures à des communautés éloignées, les étudiants autochtones, par exemple.

 

La formation continue : notre meilleur atout pour accroître la productivité

Les données sont claires : le taux de productivité des entreprises québécoises compte parmi les plus faibles au Canada. Un retard historique du Québec qui s'explique notamment par une déficience en matière de qualification de la main-d'œuvre. Or, selon une étude réalisée dernièrement par KPMG à la demande de la Fédération des cégeps, les mesures mises en place au fil des ans pour stimuler la formation des travailleurs, notamment la Loi sur les compétences, n'ont pas suffi à changer le portrait à cet égard, alors que d'autres pays, dont les entreprises sont susceptibles de compétitionner avec les nôtres, ont eu recours à des actions plus efficaces en ce domaine. Selon cette même étude, seule une formation continue offerte dans un contexte structuré est susceptible de produire des gains significatifs en matière de productivité.

 

Estimant que le Québec doit dès maintenant prendre un virage important en matière de formation de la main-d'œuvre, la Fédération des cégeps considère que l'État québécois doit s'appuyer sur ses réseaux d'enseignement, des réseaux qui affichent la plus grande maîtrise en matière d'offre de formations structurées et qui sont les mieux placés pour donner ces formations dans un cadre adapté à la réalité des entreprises. Et, pour faire en sorte d'inciter les travailleurs et les entreprises à se prévaloir davantage des services des établissements d'enseignement, la Fédération recommande de revoir progressivement l'encadrement et le financement de la formation des travailleurs.

 

Ainsi, la Fédération propose, dans un premier temps, que soit financée la structure minimale nécessaire au plein déploiement des services aux entreprises des cégeps, afin notamment d'adapter et de diversifier ces services pour renforcer le maillage entre les établissements du réseau collégial, les entreprises et les organismes. Avec une telle capacité de services, les cégeps seront mieux outillés pour répondre aux besoins de formation des entreprises de leur région. En favorisant ainsi l'acquisition constante de compétences chez leur personnel, ces entreprises se donneront les moyens d'augmenter leur productivité, de se développer et de maintenir leur compétitivité dans un marché mondialisé.

 

On peut consulter le mémoire Les cégeps : incontournables pour la société et l'économie du Québec déposé par la Fédération des cégeps dans le cadre des consultations prébudgétaires 2020-2021 sur son site Web.

 

La Fédération des cégeps est le regroupement volontaire des 48 collèges publics du Québec. Elle a été créée en 1969 dans le but de promouvoir le développement de la formation collégiale et des cégeps. Elle agit comme porte-parole officiel et lieu de concertation des cégeps, à qui elle offre des services en matière de pédagogie, d'affaires étudiantes, d'affaires internationales, de formation continue et de services aux entreprises, de financement, de recherche, de ressources humaines, d'évaluation de la scolarité, d'affaires juridiques, de ressources informationnelles, de négociation et de relations du travail. La Fédération des cégeps représente les collèges pour la négociation des conventions collectives. www.fedecegeps.ca.

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