(LCP) Le député Gabriel Nadeau-Dubois a défendu l’idée de Pharma-Québec lors d’une interpellation devant la Commission de la santé et des services sociaux. Ce serait une autre façon d’être « maître chez nous », selon le député de Gouin, comme disaient les libéraux de Jean Lesage.

 

Le projet jadis défendu par Amir Khadir a évolué. Il ne touche plus seulement aux médicaments. Il traite maintenant aussi d’équipement médical.

 

Pharma-Québec permettrait de contrer les risques de cartel et permettrait de répondre aux pénuries, selon l’élu. En cas de pandémie, la capacité de produire massivement des vaccins ferait épargner des dizaines de millions $ aux Québécois, d’après lui.

 

« Selon les dernières statistiques qu'on a, le Québec produit seulement 27 % de ce dont il a besoin en matière de produits pharmaceutiques et médicaux. Et donc, mathématiques simples, on importe 73 % de ce dont on a besoin », dit-il.

 

« Pharma-Québec, c'est quoi? Bien, c'est le projet d'une société d'État dont la mission serait d'augmenter l'autosuffisance du Québec sur le plan des médicaments et du matériel médical. Cette mission se déploierait en, je dirais, en un triple mandat : un mandat d'achat, un mandat de production et un mandat de recherche », décrit Gabriel Nadeau-Dubois.

 

Mandat d'achat

Pharma-Québec serait chargé « d'obtenir, de négocier les prix des médicaments prioritaires pour traiter la COVID-19 » et centraliser les approvisionnements et le stockage des médicaments pour éviter les pénuries. « Mais une fois la pandémie terminée, ce pôle d'achat public donnerait au Québec un pouvoir, un rapport de force supplémentaire envers les compagnies pharmaceutiques pour garantir les meilleurs prix possible aux Québécois puis aux Québécoises. »

 

Mandat de production

L’organisme recevrait aussi un « mandat de planifier et d'organiser la production de médicaments et de vaccins, bien sûr, tout d'abord, pour lutter contre la COVID-19, mais à long terme, pour permettre au Québec d'avoir ses propres capacités de production de médicaments et de vaccins, pour être mieux protégé contre la prochaine pandémie. Ce genre de modèle existe d'ailleurs au Brésil et en Suède », explique le député solidaire.

 

Mandat de recherche

À court terme, il s’agirait de « stimuler et coordonner la recherche d'un vaccin ou de traitements contre la COVID-19, mais à long terme, s'assurer que les inventions développées en laboratoire, qui sont financées publiquement par l'État québécois, restent contrôlées et brevetées par l'État québécois. Bien sûr, ça ne serait pas en vase clos. Ce serait en partenariat avec les universités et même avec les entreprises privées ».

 

Le représentant de Québec solidaire rappelle qu’il « y a eu très brièvement une quasi-pénurie de masques. Il a suffi que Donald Trump claque des doigts et on est pratiquement tombé, ici, en pénurie, pratiquement. Imaginons la bousculade, voire la guerre commerciale sur le plan international quand un vaccin sera découvert. Comment va se démarquer le Québec? Comment on va se défendre contre les grandes entreprises, contre les grandes puissances qui vont vouloir mettre les mains en premier sur ces traitements-là? Comment on va se défendre face à des entreprises pharmaceutiques qui, on le sait, vont profiter d'une demande très forte pour vendre leurs produits aux plus offrants? », interroge-t-il.

 

Contrairement à la ministre Danielle McCann, les partis d’opposition ont semblé favorable à l’idée solidaire. Pour le député André Fortin du Parti libéral « les objectifs derrière ce que propose le député sont louables, quand même, une plus grande autonomie, une assurance de la disponibilité que ce soit du médicament, du vaccin, de l'équipement pour les Québécois. C'est difficile d'être contre les objectifs derrière le projet du député ».

 

« Je ne sais pas si la solution qui est amenée aujourd'hui par le député de Québec solidaire est la solution parfaite, mais je trouve que le débat, lui, est tout à fait pertinent, que ce soit effectivement pour ce qui est de développer une plus grande indépendance quant à la disponibilité de médicaments, mais également se tourner vers la question des inventaires, la question de la production, la question de la recherche, également », répond de son côté, le député Joël Arseneau du Parti québécois.

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