(R.I.) À l'occasion de la CdP-29, qui s'ouvre dans un contexte international complexifié, le Comité consultatif sur les changements climatiques du Québec souhaite rappeler au gouvernement l'urgence de renforcer les actions climatiques.
Les incertitudes croissantes quant aux engagements climatiques des grandes puissances, accentuées par les récents changements politiques aux États-Unis, rendent encore plus crucial le rôle des États fédérés, comme le Québec, pour maintenir un cap ambitieux dans la lutte contre les changements climatiques.
Malgré un possible recul au niveau fédéral américain, de nombreux États et municipalités poursuivent leurs efforts. Comme plusieurs acteurs internationaux, le Québec a la responsabilité de consolider ses politiques climatiques en s'appuyant sur les avancées et en renforçant les partenariats avec d'autres juridictions et le secteur privé.
La science ainsi que l'engagement concerté de tous les acteurs sont des piliers essentiels pour concrétiser nos objectifs climatiques, atténuer les effets des catastrophes naturelles et accroître notre résilience face aux changements climatiques.
À la veille de la CdP-29, le Comité réaffirme ainsi son engagement à accompagner le gouvernement dans le renforcement de la gouvernance climatique du Québec.
D'ailleurs, son rôle est d'autant plus stratégique à l'heure où les États fédérés et les gouvernements locaux sont appelés à pallier les faiblesses des cadres d'action nationaux face à l'urgence climatique.
Dans ses récents avis, le Comité consultatif appelle le Québec à adopter une approche intégrée et audacieuse, axée sur des solutions systémiques et durables.
En ce sens, le Comité réitère l'importance pour les gouvernements d'écouter rigoureusement les recommandations scientifiques pour répondre aux défis climatiques mondiaux, particulièrement dans un contexte politique où certains gouvernements nationaux montrent des signes de désengagement.
À l'échelle internationale, le constat scientifique est sans équivoque : l'action climatique reste largement insuffisante et sans accélération des efforts, nous ne pourrons plus limiter le réchauffement à 1,5 °C, ni même à 2,0 °C.
La situation du Québec ne fait pas exception. Bien que le Québec ait réalisé des avancées sur certains aspects de l'action climatique, comme en interdisant l'exploration pétrolière et l'exploitation d'hydrocarbures, les résultats obtenus en matière de réduction des émissions restent insuffisants.
Entre 1990 et 2021, les émissions de gaz à effet de serre (GES) sur le territoire n'ont diminué que de 8,9 %, tandis que des secteurs comme le transport routier continuent de montrer une croissance de leurs émissions.
Le rythme actuel des réductions de GES est trop lent devant l'urgence climatique et le niveau d'ambition du Québec doit résolument s'accroître.
Dans ce contexte, le Comité a identifié plusieurs axes d'intervention prioritaires pour accélérer cette transition, accélérer la sortie des énergies fossiles et guider le Québec vers l'atteinte de ses objectifs :
1-Mettre en œuvre davantage de changements structurels : Le Québec doit adopter une approche plus systémique qui consiste à favoriser la sobriété énergétique, à densifier les zones urbaines et à améliorer l'efficacité des transports, en plus d'adopter des solutions climatiques fondées sur la nature. Le Comité insiste sur la nécessité de transformations profondes qui touchent les infrastructures, les modes de transport et l'aménagement du territoire.Développer de nouveaux outils de gestion de la transition climatique : Le Québec doit se doter de budgets carbone et de feuilles de route sectorielles pour mieux définir et planifier sa trajectoire de décarbonation.
2-Majorer la tarification carbone et accentuer le recours à l'écofiscalité : Le Système de plafonnement et d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre (SPEDE) joue son rôle essentiel de financement de l'action climatique gouvernementale et de signal-prix pour les entreprises, mais il doit évoluer pour contribuer activement à la décarbonation sur le territoire du Québec. Le Comité recommande notamment de réduire les plafonds d'émission et d'éliminer progressivement les crédits compensatoires d'ici 2027 pour que le SPEDE contribue plus directement à une baisse nette des émissions.
3-Accroître les efforts d'adaptation : Face aux impacts accrus des changements climatiques, tels que les feux de forêt dévastateurs de 2023, le Comité appelle à une intégration proactive des mesures d'adaptation, notamment dans les domaines d'activité critiques comme la foresterie, l'agriculture, la santé et les infrastructures, pour renforcer la résilience de tous les secteurs de la société et des écosystèmes naturels, en plus de soutenir les communautés les plus vulnérables.
4-Intégrer l'équité de façon transversale dans les politiques climatiques : Il y a une multitude d'enjeux à prendre en compte pour assurer une transition juste, qu'il s'agisse des inégalités socioéconomiques, sociales ou de santé, ou encore des inégalités sur le marché́ du travail et à l'échelle des régions. Des interventions publiques stratégiques sont requises pour que toutes et tous puissent participer à la transition climatique, et tout particulièrement les peuples autochtones. Les politiques climatiques devraient notamment être analysées à travers le prisme de l'équité.
5-Accélérer la mobilisation de l'ensemble de la société : Le Comité encourage la mobilisation de tous les acteurs - gouvernements, entreprises, citoyens et société civile - pour instaurer une culture de durabilité et de responsabilité climatique. Il recommande la mise en place de mécanismes de consultation et d'accompagnement pour soutenir la transition des secteurs économiques et sociaux.
En rappelant ces constats et recommandations, le Comité réitère l'importance d'une action immédiate, ambitieuse et coordonnée pour aligner le Québec sur les objectifs de l'Accord de Paris.
La trajectoire nécessaire implique de s'éloigner d'un modèle centré sur des changements progressifs pour opérer une transition accélérée vers une économie carboneutre et résiliente.
À propos du Comité consultatif sur les changements climatiques
Le Comité consultatif sur les changements climatiques est un organisme permanent indépendant créé en vertu de la Loi visant principalement la gouvernance efficace de la lutte contre les changements climatiques et à favoriser l'électrification.
Il a pour mission de conseiller le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, à la demande de ce dernier ou de sa propre initiative, sur les orientations, les programmes, les politiques et les stratégies en matière de lutte contre les changements climatiques.
Avis du Comité : Inscrire le SPEDE dans une réelle démarche de décarbonation de la société québécoise : https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/org/comite-consultatif-changements-climatiques/avis/decarbonation-societe-quebecoise.pdf
Avis du Comité : Bilan et perspectives de la lutte contre les changements climatiques au Québec : https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/org/comite-consultatif-changements-climatiques/avis/bilan-perspectives-lutte-changements-climatique.pdf
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(R.I.) : communiqué repris intégralement.