(Jesse Cnockaert) La guerre commerciale avec les États-Unis pourrait faire grimper le coût des médicaments et de l'équipement médical. Les représentants du secteur de la santé attendent du gouvernement libéral minoritaire récemment élu qu'il agisse, notamment en finalisant un régime national d'assurance-médicaments, qui pourrait réduire les coûts pour les Canadiens.

 

«Nous examinons les risques potentiels pour notre système de santé public dans le cadre de ces négociations [avec les États-Unis], qu'il s'agisse de tarifs douaniers nous empêchant d'importer de l'équipement médical, d'une hausse du coût de cet équipement  et d'autres fournitures, ou encore de l'accès aux produits pharmaceutiques. De nombreux domaines pourraient avoir une incidence sur les soins de santé dans le cadre de ces négociations», a déclaré Steven Staples, directeur national des politiques et de la défense des intérêts de la Coalition canadienne de la santé.

 

«[Les États-Unis sont] un important fournisseur de médicaments et de fournitures, et les tarifs augmentent le coût de toutes sortes de produits. Les soins de santé n'y échapperont pas.»

 

Environ 16 % des médicaments du Canada sont importés des États-Unis, et l'inclusion de médicaments et d'ingrédients pharmaceutiques dans les contre-tarifs canadiens pourrait compromettre les soins aux patients et l'accessibilité financière, selon l'Association médicale canadienne (AMC) dans un communiqué de presse du 16 avril. L'AMC a également indiqué que près de 90 % des médecins se disent inquiets de l'impact des changements au commerce transfrontalier sur leurs patients, selon un sondage réalisé par l'organisation entre le 10 et le 13 février.

 

Staples a déclaré au Hill Times qu'il était «prudemment optimiste» face au premier ministre Mark Carney (Nepean, Ontario) et à son administration. Les libéraux poursuivent, pour l'essentiel, le programme établi par le précédent gouvernement Trudeau, notamment en maintenant leurs engagements envers l'assurance-médicaments et les soins dentaires, selon Staples. Lors de sa première conférence de presse postélectorale, le 2 mai, M. Carney s'est engagé à «protéger les programmes qui permettent aux familles d'économiser des milliers de dollars par année, y compris l'assurance-médicaments». (…)

 

Médicaments novateurs Canada (MNC) compte parmi les détracteurs d'un modèle universel d'assurance-médicaments à payeur unique au Canada. Le 15 novembre 2024, MNC a soutenu dans un communiqué de presse qu'une «approche universelle» en matière d'assurance-médicaments pourrait limiter l'accès des Canadiens à de nouveaux médicaments de pointe, voire les priver de l'accès à des options de traitement plus complètes.

 

Liam MacDonald, directeur des politiques et des relations gouvernementales à la Chambre de commerce du Canada, a soutenu dans une tribune publiée le 12 février dans le Hill Times que toutes les provinces disposent déjà de régimes publics d'assurance-médicaments pour la plupart des personnes non couvertes par les régimes privés, et que certaines ont déjà atteint une couverture universelle grâce à cette combinaison public-privé.

 

«Le remplacement des régimes d'assurance provinciaux et privés existants représenterait un coût exorbitant pour les contribuables et priverait de nombreux patients d'un accès à un nombre limité de médicaments. Même le régime public d'assurance médicaments provincial le plus complet ne couvre qu'environ la moitié de ce que propose un régime privé d'assurance médicaments classique», a écrit MacDonald dans son éditorial, ajoutant que la priorité devrait plutôt être de trouver des solutions aux longs délais d'approbation des médicaments. (…)

 

Soulignons qu’au déclenchement des élections le 28 avril, trois provinces s’étaient entendues avec le fédéral au sujet de son plan d’assurance-médicaments : la Colombie-Britannique, L’Île-du-Prince-Édouard et le Manitoba. Le Yukon a lui aussi signé une entente.

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Extrait du journal The Hill Times d’Ottawa du 14 mai 2025. Abonnez-vous à The Hill Times pour bien suivre la politique fédérale

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