Nathalie Roy, ministre de la Culture et des Communications : «(...) Avec les collègues Jean-François Roberge et Mathieu Lacombe, le ministre de la Famille, nous allons miser sur une véritable alliance, en matière de culture, d’éducation et de famille. Nous avons pris des engagements à cet égard, qui vont plus loin que les orientations de la Politique culturelle, plus loin pour les jeunes du Québec. Vous en saurez davantage bientôt, en temps opportun. (...)

 

D’entrée de jeu, je tiens à vous rassurer. Votre nouveau gouvernement n’a aucunement l’intention d’agir en pure partisanerie et de jeter des politiques à la poubelle simplement parce qu’elles auraient été élaborées par un autre gouvernement. C’est le cas pour la politique culturelle de 2018. Cette politique a fait consensus. Elle émane du milieu qui l’a portée, qui en a défini les orientations. Cette politique, c’est le fruit, avant tout, de votre mobilisation. (...)

 

Je vous annonce donc que nous allons maintenir les investissements en culture, visant rien de moins que la barre du 1 % du budget du Québec. Mais nous ferons en sorte d’aller plus loin, de nous donner des objectifs réalistes et ambitieux. Nous allons inculquer de nouvelles façons de faire, de nouvelles ambitions communes pour le développement culturel du Québec. (...)

 

Justement, parlons-en, de prospérité. Il fut un temps où l’on opposait, en quelque sorte, les études économiques en matière de culture : les artistes et organismes subventionnés d’une part et, de l’autre, les entreprises et les industries. Cette époque est révolue. Votre apport à l’économie, au PIB, il est bien réel. Et, heureusement pour le Québec, il est enfin compris.

 

En 2017, l’apport de l’industrie de l’information, de l’industrie culturelle ainsi que du secteur des arts, spectacles et loisirs à l’économie du Québec s’est élevé à près de 4 %, ce qui représente près de 14 milliards $ au PIB du Québec. C’est également 185 000 emplois, 4,4 % de tous les emplois du Québec. Le Québec peut aussi se réjouir de voir les municipalités s’impliquer activement dans le développement culturel, puisque leur contribution s’est élevée à 950 millions en 2016 (...).

 

La consommation de la culture a du même coup changé, modifiant radicalement les sources de revenus et fragilisant de nombreux joueurs. On doit maintenant initier de nouveaux marchés d’exploitation et de nouvelles façons de faire afin de rejoindre les publics et de les amener à « découvrir » vos spectacles, vos projets, vos contenus, vos films. Nous allons donc redoubler d’ardeur auprès de nos collègues du fédéral dans les dossiers des géants du Web, de leur taxation et de l’absence de leur contribution à notre système économique. (...)

 

Je le redis, il faut se démarquer dans un environnement inondé de propositions culturelles et pour cela, je veux que nous encouragions le développement de la fibre entrepreneuriale tant pour l’artiste-entrepreneur que pour l’entreprise elle-même. J’ai donc demandé au CALQ et à la SODEC de travailler ensemble, de développer des services adaptés à leurs clientèles afin de nous assurer d’être au rendez-vous. Je veux aussi mobiliser d’autres secteurs en collaboration avec Tourisme Montréal, Tourisme Québec, la Métropole, les Affaires municipales, le Ministère de l’Éducation, l’Économie et bien entendu, l’Innovation.

 

(...) Je tiens à réitérer notre intention de garder des budgets réservés pour la production culturelle en régions. (...) Je vous annonce que la mairesse de Montréal et moi avons convenu de travailler main dans la main pour assurer l’avancement de la langue française dans la Métropole. J’ai d’ailleurs eu le plaisir d’annoncer un peu plus tôt aujourd’hui, en collaboration avec la Chambre, la bonification du programme de jumelage linguistique pour les PME, qui sera désormais étendu à l’ensemble de la région métropolitaine, avec la collaboration des municipalités et des chambres de commerce des rives Nord et Sud.

 

Ce programme, dont le projet pilote a porté fruit bien au-delà de nos espérances, bénéficiera donc d’un soutien supplémentaire de près d’un demi-million de dollars, pour porter la contribution totale du Ministère de la Culture à environ 1 million et demi $. Un geste significatif qui démontre notre intention de soutenir les efforts d’apprentissage des nouveaux arrivants et de renforcer l’usage du français en tant que langue de travail et de service au Québec. Je peux déjà vous dire qu’en ce sens, d’importants gestes seront posés en mars prochain, dans le cadre du mois de la francophonie.

 

(...) Comme nous l’avions annoncé en novembre dernier, ma collègue ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, et moi travaillons en étroite collaboration afin de présenter, au cours des mois à venir, des mesures qui viendront assurer une meilleure protection du patrimoine bâti, tant sur le plan local que national.

 

(...) Je tiens à réitérer notre intention de conserver la Politique culturelle de 2018 en la déployant concrètement et avec les budgets appropriés, en visant le 1 % ou plus du budget du gouvernement québécois. (...)

 

J’aimerais terminer en vous parlant de liberté. Il y a dans nos sociétés un courant de pensée qui, partant d’objectifs vertueux, est en train de devenir une police de la pensée. Ce courant, qui nous vient des campus universitaires américains, menace la liberté de nos créateurs. Mais la création artistique doit être libre, absolument, totalement libre. Ça ne signifie pas qu’on ne doive pas faire d’efforts pour mieux inclure, mieux comprendre, mieux entendre. Mais cette sensibilité à la diversité ne doit pas se faire aux dépens de la liberté de créer.

 

Je tenais à vous le dire. À chaque fois qu’un enjeu de cette nature surgira, que je serai interpellée, vous me trouverez du côté de nos créateurs et surtout, de la liberté de créer naturellement, dans le respect de nos lois. »

(Extrait du discours devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain du vendredi 1e février 2019)

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