(R.I.) Le Centre de Prévention du Suicide de Montréal interpelle les décideurs publics afin qu'ils revoient leur décision face au financement de l'organisme.

 

Un manque à gagner, quel qu'il soit, aurait un impact majeur sur les services présentement offerts autant en intervention qu'en prévention ou en sensibilisation. Les conséquences ne se mesurent pas en dollars, mais en vies humaines.

 

À l'heure actuelle, les besoins sont davantage en croissance qu'en décroissance. Quotidiennement, au Québec, on déplore encore trois suicides par jour et à Montréal, ce sont 4 suicides par semaine qui sont enregistrés.

 

Bien que la détresse suicidaire touche tout le monde, les demandes à l'aide sont faites davantage par les femmes de 20 à 34 ans alors que les décès par suicide sont plus fréquents chez les hommes entre 35 et 55 ans.

 

Une hausse des demandes et une diminution du financement

Depuis la pandémie, nous avons connu des augmentations de plus de 30 % de demande d'aide. En moyenne, ce sont plus de 36 000 interventions qui sont réalisées annuellement par nos équipes et derrière chaque intervention, se trouve une personne en détresse ou un.e proche de cette personne.

 

Et qui plus est, les appels que nos équipes reçoivent sont de plus en plus complexes et lourds.

 

Sachant que le nombre d'appels augmente et que les cas sont plus lourds, il nous faut, par le fait même, bonifier nos équipes en embauchant du personnel additionnel et qualifié afin de répondre à la demande et aux besoins.

 

Considérant le contexte social de plus en plus difficile, le gouvernement du Québec, les médias et la population font énormément la promotion de la ligne d'aide 1-866-APPELLE, du texto 535353 et du site web suicide.ca. Ces outils permettent une intervention et un contact rapide avec un.e intervenant.e.

 

Or, ce que nous entendons du gouvernement du Québec c'est que les sommes octroyées aux centres de prévention du suicide dans le cadre de la Stratégie nationale en prévention du suicide seront moindres cette année, ce qui diminuera notre capacité à faire de la prévention et de la sensibilisation dans un contexte où notre financement est déjà insuffisant pour la demande.

 

Pour 2024-2025, on parle d'une diminution de financement d'environ 30 % comparativement à l'an dernier. C'est donc dire que la promotion est amplifiée, les besoins sont plus importants et les ressources financières versées par le gouvernement du Québec sont drastiquement insuffisantes.

 

«Nous avions eu une lueur d'espoir l'an dernier avec le financement de la Stratégie nationale en prévention du suicide qui était venue éponger une partie de notre sous-financement. Cette année ce montant nous a été retiré malgré nos nombreuses revendications auprès du gouvernement pour obtenir un financement adéquat afin d'effectuer l'ensemble de notre mission. C'est une fois de plus un choix improvisé qui fragilise notre ressource. Les bottines ne suivent plus les babines et cela nous fait craindre pour l'avenir. Nous ne pouvons faire plus avec moins, nous avons atteint notre limite», a mentionné Sylvie Boivin, directrice générale du Centre de Prévention du Suicide de Montréal.

 

Cette façon de voir nos services, comme une simple colonne de chiffres comptables, pourrait avoir des conséquences dramatiques sur la qualité du service offert. Sans un financement adéquat, il y aura assurément une détérioration dans l'accessibilité de nos services, une augmentation du temps d'attente avant d'avoir accès à un.e intervenant.e, une augmentation des appels au 911, un épuisement de nos équipes et ultimement un effet sur la hausse des suicides. Les coûts financiers et humains seront énormes.

 

Des impacts majeurs sur la prévention et la sensibilisation

Ce point de non-retour est malheureusement sur le point d'être atteint. Actuellement, nous ne pouvons plus répondre à tous les appels de détresse. Certaines personnes en crise font face à des temps d'attente démesurés ou décident de tout simplement abandonner leur demande d'aide. Et qui sait ce qui arrive par la suite…

 

«Imaginez une personne en crise suicidaire qui se fait dire d'appeler ailleurs ou qui se fait référer d'organisme en organisme… Pensez-vous vraiment qu'elle dispose de tout ce temps ? Dans le meilleur des cas, la personne en crise pourra contacter les services d'urgence du 911 ou se rendre à l'urgence dans un système déjà saturé. Au Centre de Prévention du Suicide de Montréal, nous nous assurons que les personnes en détresse suicidaire soient prises en charge rapidement pour aider à faire baisser la détresse en moment de crise et éviter des hospitalisations ou encore des envois vers les services d'urgence. Bien que ce soit plus de 36 000 interventions que nous effectuons par année, ce sont seulement 2 % de celles-ci qui se terminent par l'envoi de services d'urgence. Nous sommes donc en mesure, pour la majorité des personnes, de faire diminuer leur détresse et d'assurer leur sécurité sans qu'elles ne soient admises à l'hôpital ou encore qu'une ambulance soit envoyée. En d'autres mots, environ 35 000 personnes n'ont pas à se faire prendre en charge par le système de la santé ou les services d'urgence», a insisté Sylvie Boivin.

 

Concrètement, les coupes dans nos subventions gouvernementales auront des impacts majeurs dans un futur rapproché. En effet, sans financement adéquat, nous devrons mettre un terme à nos actions en prévention et en sensibilisation.

 

Nous devrons également réduire notre accessibilité en raison de coupures dans nos quarts de travail. Cela signifie : moins de personnel, moins de disponibilité, moins d'interventions et donc potentiellement plus de suicides.

 

«Nous sommes conscients que les temps sont financièrement difficiles pour tou.te.s, même le gouvernement, mais il y a des subventions qui ne doivent pas être considérées comme des dépenses, mais comme des investissements pour sauver des vies humaines. Grâce à nos services et à nos interventions, nous agissons en amont de la première ligne de soins et nous travaillons avec les services publics comme de véritables partenaires en prévention et en sensibilisation. Quotidiennement, nous sensibilisons la population pour détecter les signes de détresse. Nous espérons que le gouvernement du Québec saura détecter le nôtre», a conclu Sylvie Boivin.

 

À propos du Centre de Prévention du Suicide de Montréal

Le Centre de Prévention du Suicide de Montréal propose aux Montréalais. e. s un éventail de services qui s'adressent autant aux personnes en détresse ou ayant des idées suicidaires, à leurs proches ou à ceux.celles qui ont vécu le suicide d'un être cher.

 

Nos services s'étendent également à la formation d'intervenant.e.s ou à leur soutien, ainsi que de nombreuses ressources spécifiquement développées pour les intervenant.e.s ou les organisations touchées par le suicide. https://cpsmontreal.ca/

 

SOURCE Centre de Prévention du Suicide de Montréal

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(R.I.) : communiqué que nous avons repris intégralement.